jeudi 19 mai 2011

Halte à la dictature des technocrates!

Après mon appel du 21 février aux usagers de la médiathèque, beaucoup d'entre vous, avez répondu et avez dit l'importance du cinéma documentaire et de fiction pour l'enseignement et la recherche à l'université et je vous en remercie. 

Malgré cela, nos chefs continuent de proposer des traitements aberrants pour la collection de la médiathèque, la mettant en danger de disparition. Pour eux, il est acceptable de prendre le risque de perdre des documents pour économiser sur le temps de travail du personnel. Il est vrai que quand on considère les collections comme des stocks, le regard envers ces collections n'est plus le même. 
Je refuse d'avoir ce regard, j'en ai assez que tous nos actes soient jaugés à l'aune de la rentabilité. D'ailleurs, quelle rentabilité ? Des économies de bout de chandelles! 

Nous avons des films dans notre collection, c'est-à-dire : des regards sur le monde, des prises de conscience, des fenêtres sur le passé, des explications de conflits, des découvertes de personnes et de pays, des appels à l'entente entre les différentes cultures, des occasions de rêver une autre réalité et d'éprouver des sentiments. Ce ne sont pas des vidéocassettes obsolètes, mais des films rares que l'on n'a plus réédités. Ce ne sont pas des DVD-R, repiqués à la télévision, mais des documentaires que l'on ne trouve pas dans le commerce ! Enfin bref, nous offrons de la Culture ! 

Je fais aussi appel à vous, étudiants, qui aimez le cinéma, qui appréciez de pouvoir emprunter des films à la médiathèque. Je pense qu'une bibliothèque comme celle de l'Université de Genève devrait pouvoir vous offrir, pour vous accompagner dans vos études, une collection digne de ce 7ème art, que notre hiérarchie considère encore comme de l'amusement et j'estime que cette collection, si elle mérite d'exister, mérite de bénéficier d'un traitement, qui lui assure visibilité, disponibilité, accessibilité et pérennité. J'aimerais, que dans ce blog, vous apportiez des arguments, (à l'instar du très beau texte de Mme Mironesco, que je remercie ici publiquement, de nous avoir soutenus), pour amener de l'eau au moulin de l'HUMANISME contre la technocratie ambiante. 

En tant que bibliothécaires, nous rassemblons les documents et permettons leur accès aux usagers, avec l'aide des technologies modernes, il va s'en dire, mais au service du contenu ! Faites passer le contenu au second plan, et tout notre métier perd son sens.


Dominique Marin 

1 commentaire:

  1. Bravo M. Marin, je souscris à 100% à vos propos. Je pense en effet qu'il faut marteler, toujours et encore, notre attachement aux concepts de QUALITÉ, de CONTENU et d'HUMANISME qui doivent sous-tendre notre travail, nos services et nos institutions.

    Il faut que nous montrions constamment que nous savons ce que nous voulons, que nous savons ce que nous dénonçons, que nous ne sommes pas dupes des enjeux des processus en cours, et dans ce cas, la répétition n'est pas une tare, mais un signe de résistance: le martèlement des arguments, encore et encore, rappelle le martèlement des pas d'une foule en marche, qui ne se laissera pas disperser et qui vise un but avec l'obstination de ceux qui connaissent les enjeux de ce qui se passe et jugent essentiel de s'y opposer jusqu'au bout.

    La détermination sur la longue durée est seule capable de faire plier la partie adverse.

    Il est essentiel qu'on montre aux décideurs que:

    1) On n'est pas dupe des objectifs visés et de l'absence d'intérêt quant aux contenus, aux prestations de service, aux personnes qui travaillent, aux usagers et à leurs besoins...

    2) ...et donc que l'on continuera constamment à opposer à cette logique manageriale, comptable, technocratique et dictatoriale une logique de démocratie, de dialogue, de formation qualitative, sans lesquelles la lobotomisation de la société en cours finira par triompher !

    Courage ! Détermination ! Encore ! Toujours !

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