lundi 21 février 2011

La médiathèque est-elle soluble dans la restructuration?


Avant-propos :
Ce texte s'adresse particulièrement, à tous les usagers de la médiathèque d'Uni-mail. Si ce service existe, c'est pour eux. Si nous le défendons, c'est pour eux. Alors si vous tenez à ce service, mobilisez-vous pendant qu'il est encore temps!
Tous les usagers de la médiathèque d'Uni-Mail, qu'ils soient professeurs, assistants, étudiants, collaborateurs ou autres connaissent bien ce couloir de 84 m2 au deuxième étage de la bibliothèque d'Uni-Mail, dans lequel en janvier 2000, s'est installée la collection de documents audiovisuels sur les sciences humaines et sociales, qui comprenait au départ quelques 400 vidéocassettes et des cassettes sonores.
Il avait été décidé alors, sous d'autres rectorats, que la médiathèque d'origine, celle des Bastions, y resterait et s'occuperait dorénavant des documents concernant la Faculté des Lettres, de Théologie et de l'ELCF.
Aujourd'hui, la médiathèque d'Uni-Mail gère, acquiert, catalogue, conserve, met à disposition tous les documents audiovisuels de la bibliothèque d'Uni-Mail (toutes Facultés confondues) (dont 1300 VHS, 2200 DVD +1120 DVDTV, env. 90 CD-ROM.), avec une augmentation d'env. 400 à 500 documents par année, tous catalogués dans RERO.
Elle offre aussi :
- un service de repiquage d'émissions de télévision,
- un service de copie de VHS sur DVD,
- un service de renseignement et d'aide à la recherche sur les documents audiovisuels,
- un blog des nouvelles acquisitions : http://nouveautesmedia.blogspot.com/,
- la gestion d'une petite salle de projection,
- la mise à disposition d'appareils divers (magnétophones, magnétoscopes VHS, lecteurs de DVD)
-des PC multimédias, équipés de casques.
- le prêt d'écouteurs
- des expositions thématiques dans la bibliothèque.
La collection de films documentaires (2/3) et de films de fiction (1/3) de qualité est très utilisée puisque l'année passée, il y a eu env. 14'000 prêts.
Il est vrai qu'administrativement, c'était un peu compliqué à gérer, car la médiathèque travaillait en fait pour toutes les facultés. C'est pourquoi pour simplifier les choses au niveau administratif, la médiathèque (et son personnel) avait été rattachée au Service de Coordination des Bibliothèques.
Mais nous avons toujours revendiqué, en tant que médiathèque d'Uni-Mail,  faire partie des bibliothèques, et être un service de documentation audiovisuelle interfacultaire. C’est pourquoi on pouvait penser qu’un regroupement administratif des bibliothèques simplifierait l’intégration de ce service dans l’organisation des bibliothèques.

On n’imaginait pas qu’en fait d’intégration, on nous proposerait une désintégration !
Mais voilà, entre-temps l'audit est passé par là ou plutôt non, il n'est pas passé par la médiathèque, dont le personnel n'a jamais été "auditionné". L'audit a posé la question (point 4.4.2) : "Faut-il conserver trois guichets de prêt à Uni-Mail ?" et il ajoute "une plus grande concentration autour des guichets de prêts communs et une utilisation renforcée des bornes de prêt sont les premières actions à envisager."

Donc, suivant aveuglément cette recommandation, et sans prendre en compte les spécificités des documents audiovisuels, notre direction veut :
- supprimer le guichet de la médiathèque.
- "ventiler" tous les DVD documentaires dans les disciplines sur les rayons avec les livres.
- supprimer les films de fictions ("on n'en commandera plus, sauf si un professeur le demande expressément").
De plus les dvd ne seraient même pas équipés d'une boîte hermétique, qu'on ne pourrait ouvrir qu'en passant au guichet, mais avec un anti-vol placé directement sur la galette. Le but, étant, comme "l'a dit l'audit" : de ne plus passer par le guichet.

- Les risques de perte, de vol, de détérioration ne sont pas pris du tout en compte.
- Les besoins des usagers ne sont pas pris en compte :
1) En sciences humaines, les disciplines sont étroitement imbriquées et tous les professeurs interrogés trouvent plus simple d'avoir tous les films documentaires ou de fiction, au même endroit.
2) Dans l'enseignement la fiction est aussi largement utilisée, pourquoi vouloir la supprimer ?
- Le traitement spécifique de ces documents n'est pas pris en compte
-Les commandes ne pourront être faites que sur ordre des professeurs.
- Les commandes seront traitées par chaque bibliothécaire-spécialiste d'une discipline.
- Est-ce que les spécialistes de chaque discipline auront le temps ou l'envie ou la possibilité de faire de la veille pour ce genre de document ?
- Comment seront traitées les demandes de repiquages d'émissions de télévision ?
- Qui va cataloguer ces documents ?

- Et accessoirement : que va faire le personnel de la médiathèque ?

A part une consigne nous demandant d'évaluer ce que coûterait l'opération de reclassifier les documentaires selon les classifications employées dans les bibliothèques  et de les rééquiper puis de les munir d'un anti-vol, rien ne nous a été dit sur la façon dont  les documents audiovisuels seraient traités par la suite.
Et au vu du peu de considération dont notre direction fait preuve concernant ces documents, on peut prévoir à terme une disparition pure et simple.
On nous rétorquera que l'avenir est à la numérisation et aux documents en réseau, certes, mais ce sont des projets, et nous savons que la réalisation et la maintenance de ce genre de projet exige que l'on y mette les moyens en personnel et en matériel pour que ce soit efficace.
Donc, en attendant que l'on puisse offrir d'autres services à nos usagers, pourquoi ne pas au moins conserver ceux qu'on leur offre déjà ?

DoM

6 commentaires:

  1. Je vous soutiens dans votre lutte ! La médiathèque ne doit pas disparaître et doit rester un pôle interdisciplinaire de qualité. Bravo pour votre détermination.
    Mélanie

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  2. En tant qu'utilisatrice régulière de la médiathèque, je ne peux que regretter cette évolution.

    Les médiathécaires doivent pouvoir continuer à faire leur travail comme ils/elles l'ont toujours fait, en mettant à disposition, dans une salle séparée, les documents audio-visuels à un vaste publique.

    Ils/elles doivent pouvoir continuer de commander des documents qu'ils/elles jugent intéressants pour la médiathèque et pour ses utilisateurs. Films documentaires et films de fiction. Tous ceux qui pensent que la fiction ne peux pas être formatrice, merci d'emprunter plus souvent des films à la médiathèque! Des films de fiction ont déjà été utilisé dans plusieurs cours dans notre département.

    Les médiathécaires doivent rester maîtres de leur collection et de leur métier.

    Sauvons, ensemble, la médiathèque!

    Cristina Del Biaggio, assistante

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  3. Nous avons récemment organisé un évènement scientifique en collaboration avec la médiathèque, autour du rôle du film en enseignement et en recherche en sciences sociales (programme ici: http://www.unige.ch/ses/geo/medias-conferences/conferences.html). Tous les participants -- de l'étranger, de différentes Faculté de l'Unige, de HES et d'institutions de recherche genevoises -- ont dit à quel point le service rendu par la Médiathèque était unique, irremplaçable, important et nécessaire au travail de l'enseignement et la recherche. Il repose notamment sur les compétences aquises par les professionels de ce service, et ne peut être remplacé par la proposition de réforme telle qu'elle est formulée actuellement. La veille scientifique et les choix d'achats qu'ils/elles opèrent sont cruciaux. En tant qu'enseignant, nous ne pouvons nous substituer à ces personnes - par manque de temps et par manque de compétence: nous avons besoin de ce genre de services de haute qualité. Réduire le rôle de spécialiste au service de la communauté universitaire dans un service et un lieu unique, à celui de simple gestionnaire d'un stock invisible et distribué serait du non-sens. Nous y perderions tous.

    J'espère donc que ce service sera maintenu.

    Cordialement,

    Prof Juliet Fall, Département de géographie
    Présidente du Conseil Participatif de la Faculté des SES

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  4. Chers collègues,

    Je ne peux que vous soutenir et rappeler que les clés d'une bonne recherche ne se trouvent pas que dans les livres théoriques, surtout en sciences humaines.
    Vous faites un travail remarquable depuis des années et votre savoir-faire ainsi que l'immense richesse des films que vous possédez, sont autant de trésors pour l'organisation des contenus des cours que nous donnons. A plusieurs reprises, nous avons étroitement collaboré pour acquérir des films (fictions et documentaires) rares accompagnant les cours pour les étudiants. L'entrée par le film aide à être touché et interrogé d'une autre manière sur les faits à étudier.

    En espérant vivement que l'on vous reconnaisse ces aspects et que l'on maintienne votre existence..

    Cordialement,

    Valérie Vincent, chargée d'enseignement et doctorante à la FAPSE

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  5. On ne peut que s'étonner de l'acharnement à vouloir démanteler un service utile, fonctionnel avec du personnel qualifié et compétent alors qu'il existe à Battelle une petite bibliothèque très proche par la discipline de la FPSE et de la Médecine, aux documents peu accessibles et sans bibliothécaire pour la gérer ; je veux parler de la bibliothèque du Centre interfacultaire de gérontologie.

    "La bibliothèque du CIG dispose d'environ 1500 monographies et 3000 articles scientifiques principalement dans les domaines de la gérontologie, du vieillissement, de la psychologie, de la sociologie, de la médecine et de la statistique. Elle reçoit plusieurs publications et périodiques d'édition française et anglaise et bénéficie de souscriptions à trois annuaires.
    La bibliothèque ne fait pas de prêt. Toutefois, il est possible pour des personnes extérieures de venir consulter des ouvrages et des articles, sur rendez-vous".

    http://cig.unige.ch/bibliotheque.html
    Si notre hiérarchie veut absolument un os à ronger, pourquoi ne pas commencer par intégrer cette bibliothèque dans une grande structure. L'audit signale bien comme un
    dysfonctionnement le dispersement des bibliothèques universitaires.

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  6. Au Département de sociologie, nous enseignons depuis 2004 les méthodes audiovisuelles, et nos étudiants sont initiés à la réalisation de films sociologiques en tant que méthode de recherche et de restitution des résultats. Plus récemment, nous avons créé une Unité de sociologie visuelle qui regroupe nos activités de recherche et d’enseignement. Dans ce cadre, autant nous que nos étudiants, nous nous sommes toujours appuyés sur les services de la médiathèque, sur les compétences de ses employées, et nous apprécions particulièrement le large choix de films documentaires et de fiction offerts ainsi que la possibilité de commander des films en nous basant aussi sur leur expertise. Avec le temps, la médiathèque est devenue pour nous un partenaire essentiel. Dans un contexte académique où les moyens audiovisuels acquièrent une importance de plus en plus reconnue autant pour l’enseignement que pour la recherche (voir les enseignements d’autres collègues de l’Université et des HES, ainsi que le Festival Science et Cité Cinéma à Berne qui prime des films réalisés dans un cadre universitaire), la réorganisation prévue nous semble aller à l’encontre des intérêts académiques. La médiathèque joue un rôle essentiel pour nous, enseignants, ainsi que pour nos étudiants, et nous tenons à le souligner.

    Jenny Maggi, Chargée de cours
    Morena La Barba, Chargée d’enseignement
    Stefano Losa, Post-doctorant

    Membres fondateurs de l’Unité de sociologie visuelle

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